Ceci n'est pas Initiative Citoyenne

Gayle Delong essaie de corriger son article anti-vaccin via son blog

Il y a quelques jours, j'ai commenté un article horrible et risible sur le vaccin anti-HPV rédigé par Gayle DeLong, professeure agrégée dans le Département Economie et Finance de la Zicklin School of Business à l'Université de New York. Elle n'a aucune formation, aucune expérience, aucune connaissance, aucune crédibilité en science des vaccins.

Son épouvantable article visait à convaincre le lecteur que le vaccin contre le papillomavirus humain (VPH) entraîne une baisse de la fertilité. Si c'était un bon article, j'en serais scotché, mais en fait, c'est un article-poubelle. L'analyse statistique scientifique de base, comme la prise en compte de facteurs de confusion, y est foireuse. De plus, Gayle DeLong ne fournit aucune explication convaincante biologiquement plausible décrivant la manière dont le vaccin contre le VPH pourrait influer sur les taux de grossesse. Et ses références sont ridicules - elle cite Mark et David Geier, que l'on peut charitablement qualifier de charlatans pour leurs tentatives de "traiter" les enfants autistes avec un horrible procédé, contraire à l'éthique. Enfin, elle mentionne Mark Geier dans ses remerciements.

En outre, elle a omis le vaste corpus de preuves, publié par de vrais scientifiques, pas par un expert en finance internationale, dans de véritables revues, selon lequel le vaccin contre le VPH est manifestement sans danger. Et dans ces études de grande ampleur, dont certaines avec plusieurs millions de patients, il n'y avait pas de différence détectable dans les taux de fécondité entre les individus vaccinés et non vaccinés. Ce problème n'existe que dans l'esprit de Gayle DeLong et d'autres militants anti-vaccins.

J'ai lu un tas d'articles anti-vaccins dans ma vie, mais celui-ci est peut-être l'un des pires. Sachant que tous les papiers anti-vaccins sont tous mauvais, c'est un ordre de classement de caniveau.

Gayle DeLong critiquée

Plusieurs d'entre nous ont souligné que l'article ignorait complètement un important problème - DeLong n'a absolument pas pris en compte les taux de contraception dans son article, une omission qui devrait, à terme, faire rétracter cet article. Mon pote online Orac a écrit à propos de cet article désastreux et de son analyse statistique (voir Note 1) :

"Il y a aussi un autre énorme problème avec cette étude. L'une des covariables les plus importantes susceptible d'avoir un impact sur les taux de grossesse est (évidemment) l'utilisation de la contraception. Pourtant, nul part dans l'analyse, l'utilisation de la contraception n'est envisagée. Oui, DeLong évoque le manque de signification statistique de résultats chez les femmes non-mariée en suggérant que la plupart d'entre elles souhaitent peut-être éviter une grossesse (ce qui pourrait être vrai), mais là encore, l'utilisation de la contraception est un facteur extrêmement important, qui n'était même pas repris comme covariable. 

Ma première réflexion est que peut-être c'était une question qui n'a pas été posée. C'est possible. Oh, attendez. Ça n'est pas le cas. Le questionnaire demande si une femme a déjà utilisé des contraceptifs oraux, si elle les prend maintenant et combien de temps elle les a pris. Alors, pourquoi DeLong n'a-t-elle pas inclus la contraception orale dans son analyse ? Elle aurait pu. Elle n'en parle même pas vraiment si ce n'est dans la discussion sur les taux d'échec de la contraception. Je soupçonne fortement qu'il y ait une raison à cela.

Je soupçonne aussi fortement qu'une corrélation entre la prise du vaccin VPH et l'utilisation de contraceptifs oraux (ce qu'il n'est pas déraisonnable de supposer) puisse expliquer les résultats observés par DeLong et que la correction de l'utilisation de contraceptifs oraux dans l'échantillon de l'enquête aurait probablement abouti aux résultats de la régression logistique qui ne seraient pas statistiquement significatifs (c'est moi qui souligne). En toute honnêteté, si la corrélation n'est pas positive, mais bien négative (c'est-à-dire que la vaccination contre le VPH est associée à une moindre utilisation de contraceptifs oraux), les résultats pourraient être plus robustes que ce que Gayle a trouvé.

En tout état de cause, je ne vois que deux explications au fait que Gayle DeLong n'ait pas fait cette analyse, étant donné que les données semblent avoir été disponibles. Soit elle n'était pas au courant et ne l'a même pas considéré comme une covariable, soit elle avait fait des analyses exploratoires et, avec l'utilisation de la contraception, les effets qu'elle a détecté ont disparus.

Après tout, elles n'étaient pas très solides, donc je suspecte que ça n'aurait pas été compliqué. Je me félicite des commentaires des épidémiologistes qui ont lu ce blog. Après tout, les preuves existantes contredisent dans une large mesure les conclusions de DeLong, la vaccination contre le VPH n'a aucun impact sur la fertilité dans un groupe. Le groupe ? Chez les femmes ayant des antécédents d'infections sexuellement transmissibles ou de maladie inflammatoire pelvienne (c'est-à-dire un groupe à haut risque d'infection par le VPH), la vaccination contre le VPH rend la grossesse plus probable."

Si vous prenez des notes, ces points sont critiques. DeLong s'est complètement trompée, rendant les résultats inexploitables. C'est une erreur d'amateur qui trahit son manque d'expérience et de connaissance même de l'analyse statistique de base en épidémiologie. Mais encore une fois, Gayle DeLong n'atteint même pas les normes minimales en matière d'épidémiologie. 

Gayle DeLong répond à Orac

Allez chercher du pop-corn et votre boisson favorite, parce que DeLong a décidé de répondre indirectement aux critiques de Orac sur son article (tout en ignorant le mien, je suis outré) en ... bloguant à ce sujet sur un site notoirement anti-vaccin.

Le geste approprié aurait été de contacter la revue, de retirer l'article, de le réécrire, puis de le soumettre à nouveau pour publication. Ou écrire un commentaire dans PubMed. Ou faire autre chose que bloguer sur le sujet.

Gayle DeLong a réagi directement à la critique dans un article sur le site web de fake news, Age of Lying About Autism. Au lieu de faire ce qu'il faut et de retravailler son article après retrait, elle "corrige" son article ici :

"En ce qui concerne mon article, la question suivante a été soulevée : étant donné que les femmes mariées qui ont reçu le vaccin contre le VPH ont moins de chances de concevoir que celles qui n'ont pas reçu le vaccin, les premières utilisent-elles plus la contraception que les secondes ? Mon résultat selon lequel les femmes mariées ayant reçu l'injection sont moins susceptibles de concevoir pourrait s'expliquer si ces femmes essayaient plus activement de prévenir une grossesse que les femmes mariées qui ne recevaient pas l'injection. 

Les trois questions de la NHANES qui fournissent des informations sur la contraception sont les suivantes : 1) SXQ251 : Au cours des 12 derniers mois, combien de fois avez-vous eu des relations sexuelles sans préservatif ? 2) RHD442 : Prenez-vous une pilule contraceptive actuellement ? 3) RHQ520 : Utilisez-vous actuellement du Depo-Provera ou des contraceptifs injectables pour prévenir la grossesse ?

Je cherche à déterminer si les femmes mariées qui ont reçu le vaccin contre le VPH cherchent plus activement à prévenir une grossesse que les femmes mariées qui n'ont pas reçu le vaccin. Je définis comme "cherchant activement à prévenir la grossesse", les femmes qui, au moment de l'entretien, utilisaient un préservatif au moins la moitié du temps, prenaient la pilule contraceptive ou un contraceptif injectable. Je trouve que 51,5% des femmes mariées qui n'ont pas reçu le vaccin et 36,6% des femmes mariées qui ont reçu le vaccin cherchaient activement à éviter une grossesse. La différence de 14,9% est statistiquement significatif au seuil de 1%.

Ce résultat suggère qu'un pourcentage plus élevé de femmes mariées qui ont reçu le vaccin devraient concevoir, par rapport aux femmes mariées qui n'ont pas reçu le vaccin. La conclusion de mon étude initiale ne résulte pas du fait que les femmes mariées ayant reçu le vaccin contre le VPH évitent davantage la grossesse que les femmes n'ayant pas reçu le vaccin contre le VPH. Je suis heureux de discuter des détails de mes résultats avec les chercheurs intéressés."

En mettant de côté la qualité médiocre de l'utilisation d'un "questionnaire" pour déterminer une corrélation entre le taux de vaccination et le taux de grossesse, elle ne fournit en réalité aucune preuve convaincante d'une différence entre les populations.

Et je ne comprends pas pourquoi cela importe : "Je trouve que 51,5% des femmes mariées qui n'ont pas reçu le vaccin et 36,6% des femmes mariées qui ont reçu le vaccin cherchaient activement à éviter une grossesse." Que tente t'elle de faire ? Prouver que le vaccin contre le VPH induit le fait que les femmes ne veulent pas tomber enceintes. Ce serait risible.

Peut-être voulait-elle dire autre chose, mais Gayle DeLong, experte en finances, n'est pas épidémiologiste. Pas même un petit peu. Nous avons pris un facteur de confusion, mais elle en a ignoré des dizaines d'autres. L'obésité et les autres maladies, le tabagisme et de nombreux autres facteurs pourraient avoir une influence sur le taux de fertilité. Pas uniquement le niveau de contraception, pour lequel elle ne fournit aucun argument convaincant. 

Soyons clair. Elle essaie de prétendre, dans cette pseudo-mise à jour, qu'elle a corrigé l'utilisation de la contraception. Ce n'est pas le cas. Et elle ne fournit aucune preuve que, corrigée pour l'usage de la contraception, il y avait une différence entre les groupes vaccinés et non vaccinés.

C'est un mauvais article, et je m'en tiens à ce que j'ai écrit auparavant - c'est un gâchis statistique, il ne fournit aucune plausibilité biologique raisonnable, et il manque une analyse approfondie des facteurs de confusion. Il ne démontre aucune corrélation, encore moins une causalité. 

Résumé

Cet article de Gayle DeLong doit être suspendu ou rétracté. Il ne démontre rien sur la sécurité (ou l’efficacité) du vaccin contre le VPH. Ce n'est rien de plus qu'un élément de propagande pour la communauté anti-vaccin VPH. Les récents commentaires de DeLong ne font croire à personne qu'elle a réellement pris en compte toutes les variables susceptibles d'aboutir aux résultats qu'elle brandit.

DeLong n'a ni les compétences, ni les connaissances nécessaires pour écrire un article qui pourrait amener des gens à éviter un vaccin anticancéreux. Non, manger des pommes issues de l'agriculture biologique ne va pas prévenir le cancer, mais ce vaccin le fera.

Les critiques d'Orac et les miennes sont toujours valables.

Notes

Note 1 : Orac est environ un milliard de fois meilleur avec les critiques statistiques que je ne le serai jamais. Je me suis fié aux statistiques tout au long de ma carrière, même si j'avais probablement trois années de statistiques, dont une année dans une école de médecine. Je l'avoues, je suis paresseux en ce qui concerne les statistiques. 

Références

DeLong G. A lowered probability of pregnancy in females in the USA aged 25-29 who received a human papillomavirus vaccine injection. J Toxicol Environ Health A. 2018;81(14):661-674. doi: 10.1080/15287394.2018.1477640. Epub 2018 Jun 11. PubMed PMID: 29889622.

 

Publié par Skeptical Raptor, le 27/06/2018

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