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Encore un mythe antivaccin débunké "trop, trop tôt"

Publié par SKEPTICAL RAPTOR, le 03/07/2018

 

J'ai écrit une quarantaine d'articles sur les vaccins. Chaque jour, je me dis que je vais écrire sur un autre sujet, mais comme Al Pacino le dit dans le Parrain, "au moment où je penses en être sorti, ils me replongent". Et débunker un autre mythe antivaccin me fait replonger. Mon nouvel article sur l'existence du Bigfoot doit se faire attendre. Désolé les enfants.

Soyons sérieux. Le slogan "trop, trop tôt" brandi par la religion antivaccinale est l'un des sujets les plus agaçant en qui concerne les vaccins. Ce qu'ils veulent dire, c'est que nous donnons aux enfants trop de vaccins, trop tôt dans la vie, ce qui provoque toutes sortes de dommages. Comme d'habitude, la religion antivaccinale ne dispose d'aucune preuve scientifique solide pour appuyer cette affirmation, mais vous connaissez ces gens-là : il n'y a pas de slogan ou de mythe qu'ils n'emploieront pas, quelles que soient les preuves, pour mentir sur les vaccins.

Jetons donc un coup d'oeil à ce vieux, mais jamais ennuyeux, mythe antivaccin, à la lumière d'une étude récente et puissante qui prouve que ce mythe particulier n'est supporté par des faits.

 

Table des matières

Le mythe antivaccin "trop, trop tôt"

La nouvelle étude démystifiant le mythe antivaccin

En résumé

Références

 

Le mythe antivaccin "trop, trop tôt"

Le mythe antivaccin "Trop, trop tôt" ne figure peut-être pas au premier rang des 10 principales absurdités antivaccins, mais il doit figurer au moins parmi les trois premiers. C'est tellement répandu que de nombreux parents qui vaccinent leurs enfants retardent la vaccination parce qu'ils pensent que, du fait de l'augmentation du nombre de vaccins sur le marché, leurs enfants pourraient en souffrir.

Fondamentalement, cette croyance pseudoscientifique affirme que tous ces vaccins, anciens et nouveaux, inondent le système immunitaire présumé faible et pathétique des enfants. Bien sûr, une fois que vous surchargez le système immunitaire du bébé, cela pose toute une série de problèmes, dont l'autisme, les maladies auto-immunes, la mort et tout ce qui pourrait impacter la science du culte antivaccinal. Naturellement, aucune de ces affirmations n'est étayée par quoi que ce soit.

Bien sûr, cette pseudoscience vogue facilement d'une à l'autre (une fois que vous en achetez une, vous en achetez une autre) : les enfants vaccinés sont en moins bonne santé que les enfants non vaccinés. Vous pouvez parier que la plupart des preuves à l'appui de ce non-sens reposent sur des anecdotes qui sont répandues sur internet et sur de très mauvaises données scientifiques, telles que les enquêtes téléphoniques - je me demande où cela serait positionné dans la hiérarchie des preuves en recherche biomédicale.

Le mythe "trop, trop tôt"est en fait à la base d'un discours souvent répété par le Dr. Paul Offit, selon lequel il a déclaré que l'on peut injecter 10.000 vaccins à un enfant sans qu'il ne subisse aucun préjudice. Le Dr. Offit ne dirait jamais cela, parce qu'injecter 10.000 vaccins est dangereux, non pas à cause des ingrédients du vaccin (sauf l'eau) mais parce que ce serait l'équivalent de 10 litres d'eau, ce qui tuerait n'importe qui, même un adulte, par intoxication par l'eau.

Ce que le Dr. Offit voulait dire, c'est que 10.000 antigènes différents ne représentent rien pour le système immunitaire du bébé. Nous pensons que le système immunitaire est pathétiquement immature, qu'une rafale de vent le mettrait KO. En fait, chaque jour, un bébé rencontre des millions d'antigènes différents dans l'environnement. Et son système immunitaire est parfaitement capable de traiter non seulement ces millions d'antigènes, mais également les 150 à 204 antigènes figurant dans le calendrier de vaccination des enfants aujourd'hui.

Ainsi, moi (et beaucoup d'autres) soutenons qu'il n'y a aucune plausibilité biologique que ces nombreux antigènes contenus dans les vaccins aient un effet sur l'enfant. Faute d'inventer un effet magique sur le système immunitaire adaptatif, les antigènes vaccinaux ne peuvent pas supprimer, endommager ou affecter ce système. Sauf pour induire une réponse immunitaire qui attaquera les agents pathogènes évitables par la vaccination. 

Le lecteur occasionnel pourrait être convaincu par le mythe antivaccin "trop, trop tôt", car il a l'air raisonnable. C'est la raison pour laquelle, même les parents rationnels favorables aux vaccins, pensent qu'il est sage et plus sûr de retarder la vaccination pendant quelques mois ou quelques années.

Le problème avec cette conception, c'est qu'elle n'est étayée par aucune donnée scientifique, alors que les preuves appuyant le calendrier de vaccination actuel sont bien plus solides. Le Center for Disease Control (CDC), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des dizaines d'organisations nationales de santé publique disposent de nombreuses preuves qui soutiennent les calendriers de vaccination actuels (qui varient quelque peu entre pays qui recommandent certains vaccins et d'autres pays qui ne les recommandent pas).

Nous avons déjà des études qui montrent que le calendrier vaccinal n'est pas liés à des troubles comme le trouble du spectre autistique (TSA). Une étude publiée en 2013 dans le Journal of Pediatrics conclu qu'"une exposition croissante aux vaccins et aux polysaccharides stimulant les anticorps dans les vaccins au cours des deux premières années de vie n'était pas liée au risque de développer un TSA". En d'autres termes, "trop, trop tôt" n'a rien à voir avec l'autisme. Mais nous savions déjà que les vaccins n'étaient pas liés de manière causale à l'autisme.

Parce qu'il n'y aura jamais suffisamment de preuves pour convaincre certaines personnes que ce mythe antivaccin est faux, les scientifiques continuent à dépenser des ressources pour continuer à montrer que l'argument 'trop, trop tôt" est tout simplement absurde.

La nouvelle étude démystifiant le mythe antivaccin

Dans une étude de Jason M. Glanz et al., publiée dans le JAMA de mars 2018, la vraie science réfute à nouveau ce mythe trompeur. Laissez-moi vous présenter les points importants de cette étude, je sais que vous aurez besoin de plusieurs arguments pour contredire le mythe vaccinal "trop nombreux, trop tôt".

Je déteste résumer une grosse étude scientifique en quelques paragraphes. Mais je pense être obligé de décrire cette importante étude, de manière à ce qu'elle puisse être rapidement comprise par ceux qui doivent comprendre que les vaccins sont sûrs.Il s'agit d'une étude novatrice qui détruit le mythe antivaccin qui fait partie des arguments fondamentaux du déni vaccinal.

Donc, voici ce qu'il en est :

  • L'étude a été financée par le CDC, l'un des principaux organismes de santé publique indépendants dans le monde. Bien sûr, il existe des théories du complot ridicules au sujet du CDC qui ne méritent même pas d'être discutées, la majorité des lecteurs vont rejeter ces conspirations insensées.
  • L'étude de cas-témoin imbriquée avait pour objectif de mesurer le risque de taux d'infections évitables par la vaccination par rapport au nombre d'antigènes vaccinaux reçus. Cela rejoint le mythe antivaccin selon lequel tous ces vaccins rendent les enfants plus vulnérables aux maladies. Les données ont été extraites du VSD (Vaccine Safety Datalink), l'un des systèmes de surveillance active des vaccins aux Etats-Unis qui surveille les effets indésirables. Il s'agit d'un système puissant, bien plus que le VAERS, qui est un système anectodique et passif de notification des effets indésirables des vaccins et qui fait régulièrement l'objet d'abus par les antivaccins.
  • Pour l'essentiel, ils ont comparé les enfants âgés de 24 à 27 mois qui se présentaient à un service d'urgence ou de visites hospitalières pour des infections évitables par la vaccination par rapport à ceux qui n'en n'ont pas fait l'objet. Ils ont ensuite examiné l'exposition cumulée aux antigènes vaccinal, qu'ils ont estimé en additionnant le nombre d'antigènes dans chaque dose de vaccin de la naissance de la naissance à 23 mois. Les chercheurs ont ensuite déterminé s'il existait un risque accru d'infections dans 10 groupes sur un nombre total d'antigènes vaccinaux (y compris 0).

Eh bien, pour résumer avec une brièveté extrême, il n'y a rien. Il n'existait aucune corrélation statistiquement significative entre une exposition croissante aux antigènes vaccinaux et un risque accru d'infections évitables par la vaccination.

Dans ce premier graphique (intitulé Figure 2), les chercheurs ont réparti les patients en 10 groupes de nombre croissants d'antigènes vaccinaux accumulés. Aucun d'entre eux ne présentait de risque statistiquement significatif d'infection non évitable par la vaccination, par rapport aux individus non vaccinés.

Dans ce second graphique (intitulé Figure 3), les chercheurs ont examiné le risque d'infections évitables par la vaccination par une exposition maximale à l'antigène vaccinal sur une seule journée. Encore une fois, il n'y avait pas de risque accru d'infections évitables par la vaccination.

Et s'il vous plaît, ne "scrutez pas" ces graphiques pour me dire qu'il "semble" que plusieurs points sont supérieurs à la moyenne de 1,0 (ce qui signifie une certaine quantité de risque). Ce n'est pas ainsi que l'on fait des statistiques, et si vous vous vraiment les scruter, regardez les énormes barres d'erreurs. Pourquoi dois-je expliquer cela ? Ah oui, parce que les fanatiques antivaccins utilisent une version des mathématiques qui n'est pas utilisée par la science.

Je sais qu'il existe un vieil adage selon lequel la science ne peut pas "prouver ce qui est négatif" (si on laisse de côté le fait que la science ne "prouve" rien). Mais dans ce cas-ci, l'étude fournit des preuves qui soutiennent ce négatif : l'augmentation du nombre d'antigènes vaccinaux n'a aucune effet sur la santé des enfants, du moins pour les infections évitables par la vaccination.

En résumé

Glanz et al. concluent que 

"Parmi les enfants âgés de 24 à 47 mois s'étant rendus aux urgences et les patients hospitalisés pour des maladies infectieuses non visées par les vaccins, par rapport aux enfants n'ayant pas fait de visites aux urgence, il n'y avait pas de différence significative dans l'exposition cumulée estimée à l'antigène vaccinal au cours des 23 premiers mois de la vie."

En d'autres termes, le nombre d'antigènes vaccinaux reçus par l'enfant n'influe pas sur les chances de contracter une infection évitable par la vaccination.

Dans un éditorial d'accompagnement publié dans JAMA, les auteurs ont écrit :

"La présente étude rassure davantage les parents sur le fait que le calendrier de vaccination des enfants aux Etats-Unis est sans danger, car il n'est pas associé à un risque accru d'infections non visées par un vaccin. Cependant, la minorité, certes petite mais qui sait se faire entendre, de groupes antivaccins ne se satisferont pas des preuves fournies par le VSD et par d'autres systèmes de surveillance de sécurité vaccinale. Par exemple, l'insistance de ces groupes à clamer que les vaccins sont à l'origine de l'autisme persiste, en dépit des des données scientifiques qui démontrent le contraire. Bien que le VSD et d'autres mécanismes, tels que le système Post-Licensure Immunization Safety Monitoring, doivent continuer à étudier les questions scientifiques, une plus grande attention doit être portée à la réalisation du deuxième objectif du VSD, qui est de renforcer la confiance du public dans les vaccins.

Fournir des informations scientifiques et supposer que les parents décideront de vacciner n'est pas suffisante. Il est essentiel de fournir aux parents et aux cliniciens des informations factuelles de manière à inspirer confiance dans un programme de vaccination sûr pour les enfants, afin de préserver leur santé."

Cela fait presque 20 ans que je réfute les affirmations mensongères sur les vaccins, bien avant qu'internet ne devienne un repère commun pour les pseudoscience et le charlatanisme. Mais les mythes persistent.

La quantité de preuves selon lesquelles les vaccins ne provoquent pas l'autisme est colossale. Pourtant, il existe un groupe de gens têtus qui, malgré les connaissances scientifiques, ne peuvent abandonner leurs convictions profondes.

Nous avons ici des preuves solides que le calendrier vaccinal des enfants aux Etats-Unis ne rend pas les enfants plus malades. Cependant, nous savons tous que, malgré cette solide étude qui examine les données au microscope de différentes façons, le mythe antivaccin "trop, trop tôt", persistera sur internet.

La conséquence de cette conviction n'est pas compliquée à comprendre : les enfants seront exposés à des maladies évitables par la vaccination, la plupart d'entre elles sont dangereuses et peuvent changer leur vie. Certains d'entre vous pensent peut-être que je me casse la tête contre un mur en brandissant ces études scientifiques, parce que ceux qui sont convaincus de la sécurité et de l'efficacité des vaccins n'ont vraiment pas besoin de lire ce que j'écris et ceux qui dénigrent les vaccins ne m'écouteront pas.

Mais nous devons continuer, car peut-être parviendrons-nous à convaincre une personne hésitante à vacciner ses enfants.

Comme the acidulous Orac vient de l'écrire,

"... Il est important de vacciner (excusez-moi du terme) ceux qui pourraient être sensibles aux messages antivaccins, contre la désinformation et la pseudoscience qui animent le mouvement antivaccinal."

J'aime ça. Nous sommes ici pour "vacciner" contre la méconnaissance des vaccins. Tout le monde n'acceptera pas cette vaccination, mais peut-être qu'une personne sera convaincue. Puis une autre. Nous avons des enfants à protéger, donc il faut continuer.

Références

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