Ceci n'est pas Initiative Citoyenne

Vaccins & mort subite du nourrisson : Initiative Citoyenne se noie dans la pseudoscience

Vaccins & mort subite du nourrisson

Tables des matières
 

 

Introduction

Un mythe souvent déterré par la communauté anti-vaccin est le lien entre le syndrome de la mort subite du nourrisson et la vaccination.

Dans un article du 19 juin 2014 intitulé Vaccins & mort subite du nourrisson: on ne peut plus fermer les yeux!,  le blog Initiative Citoyenne a traduit un article du site Greenmedinfo dont les auteurs sont M. Sayer Ji et le Dr. Kelly Brogan.

Cet article rapporte notamment les résultats d'une récente étude qui apporterait soi-disant du crédit au lien entre le nombre de vaccins infantiles et le syndrome de la mort subite du nourrisson (SMSN).

C'est dommage qu'Initiative Citoyenne verse rapidement dans la propagation de mensonges et de manipulations, parce que le début du corps de l'article commençait plutôt bien.

En effet, l'article rappelle que le CDC (organe officiel de santé publique aux Etats-Unis) s'est positionné sur la coïncidence de morts subites avec la période de vaccination. Voici ce qu'il en dit :

« De 2 à 4 mois, les bébés ont leur première série de vaccinations. C’est également le pic d’âge pour le syndrome de la mort subite du nourrisson (SMSN). La concordance de ces deux événements a conduit certaines personnes à croire qu’ils pourraient être liés…Comme les bébés reçoivent des doses multiples de vaccins au cours de leur première année de vie et comme le SMSN est la première cause de décès chez les bébés d’un mois à un an, le CDC a entrepris des études de recherche pour trouver des liens possibles. »

Malheureusement, la suite de l'article de Initiative Citoyenne sera beaucoup plus sujet à caution. Elle va enchaîner affirmations mensongères (par exemple, les vaccins généreraient de nombreux effets secondaires graves et inattendus) et renvoie vers des études dont la qualité est extrêmement discutable, et dont on va précisément discuter.

Initiative Citoyenne cite une étude publiée en 2011 dans la revue Human & Experimental Toxicology. L'excellent blog Respectful Insolence a publié une analyse de cette (très mauvaise) étude. Ceci n'est pas Initiative Citoyenne vous en propose un très large extrait :

Les vaccins et les taux de mortalité infantile

Avant de parler de l'étude elle-même, qui comme vous l'imaginez bien, présente des biais - jetons un coup d’œil aux auteurs. Le premier auteur, Neil Z. Miller, est décrit comme un "chercheur indépendant", et le second, Gary S. Goldman, est décrit comme un "informaticien indépendant". Ce n'est pas un début prometteur, aucun des deux ne paraissant avoir des qualifications qui amèneraient le lecteur à penser qu'ils possèdent une expertise particulière en épidémiologie, en vaccins ou en sciences. Néanmoins, je suppose que l'on peut considérer le fait que ces deux-là aient réussi à faire publier un article dans une revue à comité de lecture comme une preuve assez solide de la nature démocratique de la science, qu'il n'est pas nécessaire d'être affilié à une université ou à une société de biotechnologie ou pharmaceutique pour publier dans la littérature scientifique. D'autre part, même s'il est indiqué que cette étude n'a pas été financée par des subventions ou des entreprises, je décèle quand même un conflit d'intérêt. Plus précisément, l'article de NaturalNews.com souligne que le "Centre national d'information sur les vaccins" (NVIC) a fait un don de 2.500 $ et que Michael Belkin a fait un don de 500 $ (à la mémoire de sa fille, Lyla) pour avoir un accès libre à l'article de la revue (le rendant libre d'accès à tous les chercheurs)."

Le NVIC a été créé par Barbara Loe Fisher et est l'un des groupes anti-vaccins les plus anciens et les plus influents aux Etats-Unis. Elle s'est récemment associée à Joe Mercola pour promouvoir les idées anti-vaccins dans des publicités sur un écran géant à Times Square. Michael Belkin est le leader du groupe The Refusers, un groupe de rock anti-vaccin connu pour ses très mauvaises chansons aux titres risibles tels que "Vaccine Gestapo" et "Get Your Mandates Out of My Body".

Non, vraiment, ce n'est pas un début très prometteur.

Ce n'est pas surprenant non plus. J'ai fait quelques recherches sur Google, comme à mon habitude à chaque fois que je rencontre quelqu'un dont je ne connais pas le nom, et j'ai trouvé de nombreuses preuves sur Wikipédia de la longue histoire d'activisme anti-vaccin de Miller. Il a écrit des livres avec des titres tels que Vaccine Roulette : Gambling With Your Child's Life, Immunization Theory vs Reality : Expose on Vaccinations, et Vaccins : Are They Really Safe and Effective ?, parmi d'autres. Mais ce n'est pas tout, il est aussi directeur du ThinkTwice Global Vaccine Institute et héberge un exemplaire de cette étude sur son site web. Gary S. Goldman est encore plus intéressant. Il s'avère qu'il est le président et fondateur de Medical Veritas, une "revue" anti-vaccin antirabique qui nie le lien VIH/SIDA, après avoir publié des "réanalyses" douteuses des résultats de l'autopsie de victimes du SIDA, telles qu'Eliza Jane Scovill. Il note également sur son site web qu'il a écrit des livres intitulés The Chickenpox Vaccine : A New Epidemic of Disease and Corruption.

Encore moins prometteur.

Pourtant, on peut se demander pourquoi je signale tout cela. N'est-ce pas une attaque ad hominem ? Pas du tout. Je ne dis pas que cet article est faux parce que ses auteurs font clairement partie de la frange anti-vaccin. Qui sait ? Ils pourraient avoir découvert quelque chose. Je signale simplement que ce qui est bon l'oie est bon pour le jars quand il s'agit de pointer des conflits d'intérêts et, comme Harriet l'a récemment mentionné, les conflits d'intérêts ne doivent pas nécessairement être financiers.

Comme je l'ai dit à maintes reprises, les conflits d'intérêts ne signifient pas nécessairement qu'une étude est erronée, mal faite ou totalement pourrie. Ils exigent simplement un peu de scepticisme, en particulier, lorsqu'ils ne sont pas divulgués. Ils ne le sont pas dans la revue qui n'énumère pas les liens avec le NVIC, Medical Veritas et ThinkTwice. Pourquoi Miller ne s'est-il pas identifié comme éditeur ou fondateur de ThinkTwice ? Pourquoi Goldman ne s'est-il pas identifié comme éditeur ou fondateur de Medical Veritas ? On se le demande. Savoir que ces deux personnes occupent ces postes est tout aussi important que de savoir quand une société pharmaceutique publie une étude sur son dernier médicament blockbuster.

Mais qui sait ? J'ai peut-être tort. En fait, je ne le pense pas, mais je vais décortiquer l'étude pour démontrer pourquoi.

Mortalité infantile en fonction du nombre de vaccins

La première chose à savoir, c'est qu'il s'agit d'une étude très très simple. En fait, j'irais jusqu'à dire que encore plus simple d'esprit que juste simple. En gros, Miller et Goldman se sont rendus au World Factbook géré par la Central Intelligence Agency (CIA). Notons qu'en 2009, les Etats-Unis se classaient au 34ème rang de la mortalité infantile, ils ont examiné les taux de mortalité infantile des Etats-Unis et de tous les pays dont le taux de mortalité infantile était inférieur à celui des Etats-Unis, puis les ont comparés au nombre de doses de vaccin requises par chaque pays. Ils ont ensuite dessiné un graphique du taux de mortalité infantile en fonction des doses de vaccins. Le résultat est celui-ci :

C'est tout. C'est vraiment le résumé de l'étude telle qu'elle est.

Chaque fois que je vois un  article passer tel que celui-là, je me pose la question suivante : que dirais-je de cette étude si elle m'avait été envoyée en tant qu'évaluateur. Ce graphique soulève un certain nombre de questions. Premièrement, pourquoi les auteurs ont utilisé des données de 2009 ? La référence citée indique que les données ont été consultées en avril 2010. C'est il y a plus d'un an. Cela a t'il vraiment pris plus d'un an entre la soumission et la publication de cette étude ? Quoi qu'il en soit, chaque fois que je vois des chercheurs essayer de corréler deux variables comme la mortalité infantile et le nombre de vaccins, je pose la question suivante : quelle en est la raison ? C'est encore l'argument fallacieux des "cigognes qui donnent naissance aux bébés" ["corrélation ne signifie pas forcément causalité"].

Je remarque aussi que les auteurs ont utilisé la même astuce que JB Handley et son équipe pour tenter de convaincre les gens que les nourrisson américains sont "sur-vaccinés" en augmentant artificiellement le nombre apparent de doses de vaccin en comptant les vaccins multivalents pour une seule dose. Par exemple, le ROR et le DTaP comptent pour trois parce que ces vaccins sont trivalents ; c'est-à-dire contenant des vaccins contre trois maladies différentes. En fait, les auteurs de ce joyau font tout cela à la pelle, comme l'explique Catherina :

"Ce procédé comporte un certain nombre de problèmes : tout d'abord, la façon dont Miller et Goldman comptent les vaccins est complètement arbitraire et semée d'erreurs.

Arbitraire parce qu'ils comptent le nombre de vaccins combinés et les désignations non-spécifiques (certains vaccins "polio" sont encore donnés comme vaccin oral à Singapour), plutôt que les antigènes. S'ils le faisaient, le Japon, qui administre encore le vaccin BCG atténué, serait immédiatement placé en tête de liste. Cela ne serait pas bien sûr à l'ordre du jour. Mais si vous utilisez le terme "dose" plutôt qu'antigène, pourquoi le DTaP, l'IPV, le hepB et le hib comptent pour 4 doses par exemple en Autriche, alors qu'ils sont administrés en une seule seringue via l'infanrix hexa ?

Semée d'erreurs parce que le calendrier vaccinal pédiatrique allemand en vigueur recommande le DTaP, le hib, le vaccin contre la polio et l'hépatite B, ainsi que le vaccin pneumococcique conjugué à 2, 3 et 4 mois, les plaçant dans la tranche 21-23. La quatrième série d'injections est recommandée entre 11 et 14 mois. Le MenC, le ROR et la varicelle sont également recommandés avec une limite d'âge de 11 mois, ce qui signifie qu'un certain nombre d'enfants allemands tomberont dans la catégorie la plus élevée, du moins si vous comptez à la façon Miller/Goldman."

Après avoir utilisé des méthodes douteuses et erronées pour compter les vaccins requis et corréler ces chiffres avec les taux de mortalité infantile, les auteurs passent ensuite à autre chose. Après avoir souligné que le taux de mortalité infantile aux Etats-Unis était relativement faible par rapport à sa richesse et à ses dépenses en soins de santé, les auteurs déclarent :

"De nombreux facteurs influencent le taux de mortalité infantile dans un pays donné. Aux Etats-Unis, par exemple, les naissances prématurées ont augmenté de plus de 20% entre 1990 et 2006. Les bébés prématurés courent un risque plus élevé de complications pouvant entraîner la mort au cours de la première année de vie. Cependant, cela n'explique pas tout à fait pourquoi les Etats-Unis ont vu peu d'amélioration de leur taux de mortalité infantile depuis 2000.

Les pays diffèrent par leurs exigences en matière de vaccination pour les nourrissons de moins d'un an. En 2009, cinq des 34 pays aux meilleurs taux de mortalité infantile  exigeaient 12 doses de vaccins. la plus faible quantité, alors que les Etats-Unis en exigeaient 26 doses, le nombre le plus élevé de toutes les nations. Pour analyser la corrélation entre les doses de vaccin que les pays donnent systématiquement à leurs nourrissons et leur taux de mortalité infantile, une analyse de régression linéaire a été réalisée."

Les auteurs partent d'une observation raisonnable pour ensuite poser une hypothèse avec peu ou pas de justification scientifique ne menant nul part. La seconde question que je voudrais poser est : Pourquoi une relation linéaire ? Aucune justification n'est donnée pour effectuer une analyse de régression linéaire. Ma troisième question serait : Pourquoi cet ensemble de données ?

En réalité, cette troisième question est probablement la plus intéressante de toutes. Miller et Goldman n'ont examiné les données que d'une seule année. Il existe pourtant de nombreuses autres années de données disponibles; Si une telle relation entre le taux de mortalité infantile et les doses de vaccins est réelle, elle sera robuste et se traduira par de multiples analyses à partir de données pluriannuelles. En outre, les auteurs se sont attachés à ne regarder que les États-Unis et les 33 pays affichant un taux de mortalité infantile supérieur à celui des États-Unis. Il n'existe aucune justification statistique à cet égard, pas plus qu'une justification scientifique. Encore une fois, s'il s'agit d'une véritable corrélation, elle sera suffisamment robuste pour permettre la comparaison de plus de nations que les États-Unis et les nations affichant un taux de mortalité infantile plus favorables. Fondamentalement, le choix des données analysées laisse entrevoir une cueillette de cerises (cherry picking). Si j'examinais ce document, j'insisterais pour que l'on utilise un ou deux autres ensembles de données. Par exemple, je demanderais d'analyser différentes années et/ou peut-être l'utilisation du classement de la United Nations Population Division, que l'on peut trouver sur Wikipedia et qui contient la liste des pays par taux de mortalité infantile. Et j'insisterais pour faire l'analyse pour qu'elle inclue plusieurs pays dont le taux de mortalité infantile est pire que celui des Etats-Unis. En effet, le point central de l'analyse semble être les Etats-Unis, qui, selon Miller et Goldman, exigent plus de doses de vaccins que tout autre pays, il serait alors logique d'examiner les 33 pays affichant un taux de mortalité infantile inférieur à celui des Etats-Unis.

Quoi qu'il en soit, j'ai regardé les données moi-même et j'ai joué avec elles. Une chose que j'ai tout de suite remarqué, c'est que les auteurs ont supprimé quatre pays, Andorre, le Liechtenstein, Monaco et Saint-Marin, leur justification étant que ce sont de si petites nations, qu'elles ont enregistré moins de cinq décès infantiles. Par coïncidence, ou non, lorsque toutes les données sont utilisées, r2=0.426, tandis que lorsque ces quatre nations sont exclues, r2 augmente de 0,494, ce qui signifie que la qualité de l'ajustement est améliorée. Malgré cela, ce n'est pas si fantastique, cela ne suffit certainement pas pour que la relation linéaire soit vraiment convaincante. Bizarrement, pour une raison inconnue, les auteurs, insatisfaits d'une relation linéaire faible et peu convaincante dans les données brutes, ont décidé de procéder à une manipulation créative des données, ils ont divisé les pays en cinq groupes en fonction du nombre de doses de vaccin, ils ont pris les moyennes de ces groupes et puis ils ont remis en graphique ces données. Sans surprise, les données semblent beaucoup plus claires, ce qui explique sans doute pourquoi ils l'ont fait parce que c'était une analyse complètement superflue. En règle générale, ce type d'analyse produira presque toujours un graphique linéaire beaucoup plus esthétique, par opposition au diagramme en étoile de la figure I. Généralement, ce type de traitement de données est effectué lorsqu'un diagramme de dispersion brut ne permet pas d'obtenir la relation souhaitée.

Enfin, il est important de rappeler que les taux de mortalité infantile sont très difficiles à comparer entre les pays. Croyez-le ou non, la source que j'aime le plus citer est un article de Bernardine Healy, ancienne directrice au NIH, qui fleure depuis quelques années avec le mouvement anti-vaccin :

"Premièrement, il est difficile de comparer la mortalité infantile des États-Unis avec les rapports d'autres pays. Les États-Unis considèrent toutes les naissances comme vivantes si elles montrent des signes de vie, sans distinction de prématurité ou de taille. Cela inclut des cas que de nombreux autres pays déclarent comme mort-nés. En Autriche et en Allemagne, le poids fœtal doit être d'au moins 500 grammes (1 livre) pour considéré comme une naissance vivante; dans d'autres pays d'Europe, comme en Suisse, le fœtus doit mesurer au moins 30 cm de long. En Belgique et en France, les naissances à moins de 26 semaines de grossesse sont déclarées comme sans vie. Et certains pays n'enregistrent pas de manière fiable les bébés qui meurent dans les 24 heures suivant leur naissance. Ainsi, les États-Unis est certaine de signaler des taux de mortalité infantile plus élevés. C'est précisément pour cette raison que l'OCDE, qui collecte les chiffres au niveau européen, met en garde contre les comparaisons directes entre pays.

La mortalité infantile dans les pays développés ne concerne pas les bébés en bonne santé qui meurent de maladies traitables comme par le passé. La plupart des nourrisson que nous perdons aujourd'hui sont nés très gravement malades et 40% d'entre eux meurent le premier jour de leur vie. Les principales causes sont un poids trop léger à la naissance et la prématurité, ainsi que les malformations congénitales. Comme le souligne Nicholas Eberstadt, chercheur à l'American Entreprise Institute, la Norvège, qui a l'un des taux de mortalité infantile les plus bas, ne montre pas de meilleure survie que les États-Unis lorsque l'on prend en compte le poids à la naissance."

Il est ironique de constater que Bernardine Healy, qui s'est associée étroitement au mouvement anti-vaccin au point d'avoir été élue personnalité de l'année par Age of Autism en 2008, ait fourni une explication aussi bonne et concise sur la raison pour laquelle il est si difficile de comparer les taux de mortalité infantile entre les pays. Miller et Goldman affirment avoir tenté de corriger ces différences de notification pour certains des pays qui n'utilisent pas de méthodes de notification conformes aux directives de l'OMS, mais ils ne précisent pas comment ils l'ont fait, ni quelle source de données ils ont utilisé. Il convient de noter que ces enfants qui meurent au cours du premier jour de leur vie tendent également à être ceux qui n'ont reçu aucun vaccin ou uniquement la dose du vaccin contre l'hépatite B (ici aux Etats-Unis). Etant donné que la mortalité infantile est définie comme la fraction d'enfants qui meurent avant l'âge de un an et que de nombreux nourrissons décèdent très tôt, nombre d'entre eux ont reçu peu ou pas de vaccins, étant donné que l'essentiel du calendrier vaccinal américain ne commence réellement qu'à deux mois. En d'autres termes, aucun effort n'a été fait pour déterminer s'il existait une quelconque corrélation entre le nombre de doses de vaccin et le décès des nourrissons décédés  à un âge où ils auraient reçu la plupart des vaccins requis au cours de la première année de vie. Pire encore, aucune tentative réelle n'a été faite pour corriger de nombreux facteurs de confusion potentiels. Cela n'empêche pas les auteurs de demander :

"Parmi les 34 pays analysés, ceux qui requièrent le plus de vaccins tendent à avoir les pires taux de mortalité infantile. Nous devons donc poser des questions importantes : est-il possible que certains pays exigent trop de vaccins pour leurs nourrissons et que les vaccins recommandés représentent un fardeau toxique pour leur santé ? Certains des décès énumérés dans les 130 catégories de mortalité infantile sont-ils réellement liés à la sur-vaccination ? Certains décès liés à la vaccination sont-ils cachés dans les statistiques de mortalité ?"

Qu'importe que les auteurs ne présentent aucune donnée réelle pour justifier une telle spéculation. Mais ils spéculent. Oh, comme ils spéculent! Ils passent deux pages entières à essayer de relier les vaccins au syndrome de mort subite du nourrisson et à faire valoir que les décès liés à la SMSN suggèrent une sorte de complot visant à dissimuler le nombre de décès dus à la SMSN en les requalifiant, puis ils citent vieilles études suggérant une  corrélation entre vaccination et SMSN, tout en négligeant les données plus récentes qui montrent que le risque de SMSN n'augmente pas après la vaccination et que, au mieux, la vaccination est probablement protectrice contre le SMSN. En effet, l'une des études dont discutent les auteurs est un abstract présenté en 1982, pas même une étude publiée dans une revue à comité de lecture.

[...]

Conclusion

La présente étude s'ajoute à une longue liste d'études mal planifiées, mal réalisées et mal analysées qui prétendent montrer que les vaccins sont à l'origine de l'autisme, d'une maladie neurologique ou même de la mort. Ce n'est pas la première, ce ne sera pas la dernière. La question qui se pose est : comment réagissons-nous face à de telles études ? Premièrement, en tant que sceptiques, nous devons faire très attention à ne pas devenir si blasés qu'une réaction hostile prenne le dessus. Aussi improbable que ça puisse paraître, il y a toujours possibilité qu'il y ait quelque chose d'intéressant à prendre au sérieux. Ensuite, nous devons être prêts à analyser ces études et à expliquer aux parents, le cas échéant (ce qui est la grande majorité du temps), exactement pourquoi il s'agit de mauvaise science et pourquoi les conclusions ne sont pas corroborées aux données présentées. Enfin, nous devons être prêts à fournir ces analyses rapidement. Internet est rapide. D'ores et déjà, si vous recherchez les termes "mortalité infantile" et "vaccin" dans Google, vous tomberez sur les blogs anti-vaccins qui propagent l'étude de Miller et Goldman et l'étude elle-même apparaîtra sur la toute première page des résultats de recherche.

Telle est la puissance d'une mauvaise étude, associée à la portée d'Internet et à la naïveté des pairs examinateurs et des éditeurs de revue qui ne réalisent pas à quel jeu ils jouent. Ne vous y méprenez pas, les éditeurs et les pairs examinateurs du Human & Experimental Toxicology ont joué le jeu. La moindre des choses est que les éditeurs auraient dû trouver des réviseurs qui vérifient les méthodes utilisées par Miller et Goldman pour compter les vaccins et qui savent que des corrélations parasites ne sont pas difficiles à trouver. Ils ne l'ont pas fait et en ne le faisant pas, ils déçoivent leurs lecteurs.

Une nouvelle étude anti-vaccination "culte" sur le SMSN et les vaccins

Initiative Citoyenne évoque aussi une autre étude qui semble apporter du crédit à l'hypothèse du lien causal entre le SMSN et la vaccination. Cependant, cette étude est extrêmement controversée puisque ses conclusions sont en contradictions profondes avec le consensus scientifique. D'ailleurs, Skeptical Raptor l'a évoquée dans un de ces articles. Je vous en propose un large extrait :

Dans un article publié par la revue Current Medicinal Chemistry, Matturi et al. tentent d'affirmer que le vaccin hexavalent (une combinaison de DTaP - Hib - IPV - HepB utilisé en Europe) est associé au syndrome de mort subite du nourrisson (voire causé). C'est l'une des rengaines antivaccinales les plus courantes.

Mais avant d'examiner l'article, je vais commencer par critiquer la qualité de la revue et la formation des auteurs. Tout d'abord, examinons le journal dans lequel l'article dont je discute a été publié, Current Medicinal Chemistry, édité par le célèbre (sans exagération) éditeur Bentham Science. Bentham est accusé d'être un éditeur prédateur, c'est-à-dire qu'il charge l'auteur de publier un article, probablement parce que cet article ne peut trouver aucune audience dans des revues de meilleure qualité. En outre, les éditeurs prédateurs sont corrompus et n'existent que pour gagner de l'argent grâce aux frais de publication lors de l'acceptation de leurs manuscrits scientifiques. L'examen par les pairs est limité, c'est vraiment juste un débouché pour la "science-poubelle".

Bentham est bien connu pour avoir publié un article sur la théorie du complot autour du 11 septembre dans une revue de physique, pour avoir accepté un article rédigé par un ordinateur générant des phrases au hasard, et pour avoir maintenu le nom d'auteurs qui avaient démissionné parce qu'ils ne voulaient pas être associés à un tel traitement cruel. C'est tellement ironique que les antivaccins bondissent sur un article publié dans une revue aussi ridicule et dont l'insignifiance est démontrée, mais ces mêmes cinglés anti-vaccins critiquent tout ce qui est publié dans des revues respectées, car il ne correspond pas à leur vision du monde des vaccinations.

Étant donné qu'il s'agit d'une publication de Bentham Science, nous pouvons supposer qu'il n'y a pas eu d'examen par les pairs, pas de révision éditoriale, rien mis à part de l'argent des auteurs pour la publication de cet article. Maintenant, si cet article était publié dans Pediatrics, je m'inquiéterais bien sûr du vaccin. En effet, Pediatrics est une revue puissante, revue par les pairs, et qui prend ses responsabilités par rapport à la santé des enfants à un niveau aussi élevé. On sait que la revue adopte des positions très conservatrices en matière de vaccins, malgré que les preuves soient légères. Par exemple, ils voulaient que le thimérosal soit retiré des vaccins bien avant qu'il n'y ait des preuves de sa sûreté (et ils ont retiré leur demande).

Quant aux auteurs, ils constituent un public intéressant, Ils travaillent tous au Centre de Recherche "Lino Rossi" du département des sciences biomédicales, chirurgicales et dentaires de l'Université de Milan (Italie), qui semble se concentrer sur le SMSN. Le premier auteur, Matturri, a écrit ou co-écrit de nombreux articles sur toutes sortes d'effets environnementaux sur le SMSN. En fait, le taux de mortalité infantile, et en particulier de SMSN, a diminué de plus de la moitié en Italie et dans d'autres pays européens depuis le lancement du vaccin hexavalent. Il devient presque impossible d'étudier les causes environnementales du SMSN, car le taux de SMSN diminue franchement, ce qui masquera toute association de cause à effet. De plus, en raison des techniques médico-légales, de nombreux cas de SMSN ont été catalogués comme étant des suffocations accidentelles, des homicides ou des abus envers les enfants, réduisant ainsi le taux, indépendamment des causes environnementales.

La réponse est ... NON

Mais revenons à l'étude exposée par deux adeptes de la secte anti-vaccinale, Sayer Ji, l'un des opposants les plus anti-scientifiques, et Kelly Brogan, docteur, psychiatre (et qui ne possède aucune expérience en immunologie, virologie, santé publique, physiologie, microbiologie ou en épistémologie - je devrais abréger tout ça) qui promeut des "médecines alternatives" anti-scientifiques pour ses patients. Ces deux compères du mouvement anti-vaccination ont déjà promut des articles-poubelle, pour lesquels Orac a tiré les "conclusions" suivantes :

"Ce sont les foutaises anti-vaccinales habituelles. Le VPH est une maladie évitable par la vaccination. Il est logique pour beaucoup de populations de se vacciner contre cette maladie. Selon les résultats de l'étude que Ji et Brogan diffusent pour affirmer que nous ne devrions pas nous faire vacciner contre le VPH, la vaccination elle-même est plutôt mauvaise pour empêcher la réinfection. Vraiment, dans l'univers anti-vaccin de Brogan et Ji, le haut est le bas, la gauche est la droite, le vrai est faux, et on a toujours été en guerre avec Eastasia - et apparemment, une étude examinant la corrélation entre les niveaux d'anticorps et la réinfection nous apprend que la vaccination contre une première infection est plus faible qu'avec une "infection naturelle". Bien sûr, si notre immunité contre une primo-infection était si grande, nous n'aurions pas besoin d'un vaccin au départ. Soit Ji et Brogan sont incroyablement ignorants, soit ils essaient de nous embrouiller intentionnellement. Faites votre choix. 

Malheureusement, Sayer Ji n'est apparemment pas à l'aise pour gérer les critiques. Il existe un mème de réponse à la torture imposée par Ji et Brogan sur cette étude spécifique portant sur la soumission à la cause du vaccin anti-VPH qui soulignait le point principal dont j'avais parlé ici (que l'étude ne montrait pas ce que prétendent Ji et Brogan), et soulignant à quel point l'article de Ji et Brogan est trompeur. J'ai appris des créateurs de ce mème que Ji les menaçait de les poursuivre en justice pour diffamation.

Mauvaise analyse, mauvaise science et intimidation juridique de la part des partisans de la guérison "naturelle" ? Toujours la même chose."

Vous savez quoi, cet article sur la science-poubelle ne vaut même pas que je perdes mon temps à la critiquer. Permettez-moi de vous présenter ce que dit la véritable littérature scientifique sur le SMSN et les vaccins. C'est beaucoup plus utile, car il existe de nombreuses preuves qui réfutent tout lien de causalité entre la vaccination et le SMSN.

  • Le Comité consultatif mondial sur la sécurité vaccinale (GACVS) indique que "le GACVS a conclu que ces données ne correspondent à aucune association entre les vaccins hexavalents et la mort subite infantile."
  • Le CDC déclare que

"Un mythe qui ne semble pas disparaître est que le vaccin DTaP provoque le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN). Cette croyance est née du fait qu'une proportion modérée d'enfants décédés du SMSN ont récemment été vaccinés avec le DTaP; et en apparence, cela semble indiquer un lien causal. Mais cette logique est mauvaise. Vous pourriez aussi bien dire que manger du pain provoque des accidents de voiture, car la plupart des conducteurs qui ont crashés leur voiture avaient probablement mangé du pain au cours des 24 dernières heures.

Si vous considérez que la plupart des décès dus au SMSN se produisent dans la tranche d'âge lorsque 3 injections de DTaP sont administrées, vous vous attendriez à ce que les injections de DTaP précèdent un nombre non négligeable de décès dus au SMSN simplement par le hasard. En fait, lorsqu'un certain nombre d'études bien contrôlées ont été menées dans les années 1980, les chercheurs ont constaté quasi-unanimement que le nombre de décès dus au SMSN associés dans le temps aux vaccinations par le DTC se situait dans la plage de survenance par hasard. En d'autres termes, les décès dus au SMSN se seraient produits même si aucun vaccin n'avait été administré. Dans plusieurs études, les enfants qui avaient récemment subi une injection de DTaP étaient moins susceptibles de contracter le SMSN. L'Institute of Medicine signale que "toutes les études contrôlées comparant des enfants immunisés à des enfants non immunisés n'ont révélé aucune association, ni même un risque décru de SMSN chez les enfants vaccinés" et il conclut que "les preuves n'indiquent pas de relation de cause à effet entre le vaccin DTaP et le SMSN."

  • Dans un article d'une revue systématique publié en 2012 par Kuhnert et al. dans Vaccine (une revue prestigieuse avec un facteur d'impact élevé et avec un comité de lecture), les auteurs concluent que "il n'existe aucun risque plus élevé ou moins élevé de mort subite du nourrisson au cours de la période suivant la vaccination."  Ils ont été incapables de détecter tout risque accru de SMSN dans le temps et dans divers groupes après la vaccination. 
  • L'Institute de Medicine of the National Academies of Science (l'un des instituts de médecine les plus respectés au monde) conclut que "le comité estime que la preuve mécaniste de l'association entre les vaccins de l'anatoxine diphtérique, de l'anatoxine tétanique et de la coqueluche acellulaire et la SMSN est manquante."
  • Le seul groupe qui semble souligner cette hypothèse entre le SMSN et les vaccins est le groupe de l'Université de Milan. Tous leurs articles sont publiés dans des journaux prédateurs ("payez pour publier") de faible qualité. Personne ne répercute leurs information. Personne ne cite leur travail. S'il y avait vraiment un lien de causalité, le nombre d'articles qui se pencheraient sur ces études serait incroyable.

Initiative Citoyenne manipule l’interprétation d'études

Initiative Citoyenne prétend qu'une étude publiée dans PLOS en 2011 conclut qu'il y a un risque de SMSN accru de 120% [2.2RR] associé à la première dose du vaccin hexavalent. C'est faux. L'étude ne conclut pas cela. Les chercheurs ont certes détecté un risque accru après la première dose de vaccin. Uniquement après la première dose. Pas après la seconde dose, ni après la troisième. En outre, ils nuancent en expliquant que ce risque accru après la première dose peut être partiellement expliqué par des facteurs de confusion résiduels non contrôlés liés à l'âge.

D'ailleurs, les chercheurs concluent comme suit :

"Nos recherches sont globalement rassurantes quand on considère qu'environ 4,5 millions de doses de produits hexavalents ont été administrés en Italie pendant la période étudiée. Elles sont également cohérentes avec les nombre limité de cas rapportés de mort subite infantile au système de pharmacovigilance italienne après la conclusion de cette étude. Pendant la période 2005 - 2009, trois morts ont été déclarés dans les deux semaines suivant l'administration du produit hexavalent, sur environ 2,5 millions d'enfants vaccinés et 7,5 millions de doses."

Initiative Citoyenne utilise également une étude de cas sur la mort inattendue d'un nourrisson peu de temps après l'administration du vaccin hexavalent. D'après Initiative Citoyenne, les chercheurs concluent après autopsies qu'il s'agissait "probablement de complications fatales après administration de vaccins hexavalents"

L'étude est écrite en anglais. Dans cette étude, les chercheurs utilisent le terme "possibly" qui devrait être plutôt traduit par "possiblement" ou "peut-être" que par "probablement". Cela signifie que les chercheurs estiment qu'il est possible que ce décès fasse suite à l'administration d'un vaccin hexavalent, mais ils n'excluent pas que ce décès puisse être dû à une autre cause que la vaccination.

Il convient également de préciser qu'une étude de cas est bien moins probante dans la hiérarchie des preuves de la recherche scientifique qu'une étude. Singulièrement quand l'étude ne porte que sur un seul cas de décès. Une méta-analyse ou une revue systématique sont par contre le mieux que l'on puisse faire dans la recherche scientifique.

En parlant de revues systématiques et de méta-analyses, Ceci n'est pas Initiative Citoyenne vous propose une liste d'études de très bonne qualité qui démontrent qu'il n'y a pas d'association causale entre le syndrome de la mort subite du nourrisson et la vaccination. 

De puissantes études montrent qu'il n'existe pas de lien entre le SMSN et les vaccins

Yang YT and Shaw J. Sudden infant death syndrome, attention-deficit/hyperactivity disorder and vaccines: longitudinal population analyses. Vaccine 2018;36:595-598.

Les auteurs ont analysé six ans de données de la National Immunization Survey et du National Vital Statistics Report sur l'administration de vaccins à l'âge de 3 mois et ils ont conclu que la couverture vaccinale des vaccins pédiatriques de routine n'est pas associée au risque de syndrome de mort subite du nourrisson.

Moro PL, Arana J, Cano M, Lewis P, Shimabukuro TT. Deaths reported to the Vaccine Adverse Event Reporting System, United States, 1997-2013. CID 2015;61:980-987.

Les auteurs ont analysé les décès enregistrés au VAERS aux Etats-Unis pendant une période de 16 ans, où près de la moitié des décès étaient attribués au syndrome de mort subite de nourrisson (SMSN). Comme la précédente étude de 2001, les signalements de SMSN ont progressivement diminués au cours du temps, pendant lequel les vaccins contre les infections à pneumocoque à 7 valences et le vaccin contre les rotavirus ont été ajoutés au calendrier des vaccins recommandés, et pendant lequel le vaccin combiné DTaP-HepV-IPV a été autorisé.

Traversa G, Spila-Alegiani S, Bianchi C, Ciofi degli Atti M, Frova L, et al. Sudden unexpected deaths and vaccinations during the first two years of life in Italy: a case series study. PLoS ONE 2011;6(1):e16363.

Les auteurs n'ont trouvé aucun lien entre les morts subites inexpliquées (MSI) et toutes les vaccinations dans la période de temps de 0 à 7 jours ou 0 à 14 jours après l'injection du vaccin.

Vennemann, MMT, Butterfab-Bahloul T, Jorch G, et al. Sudden infant death syndrome: no increased risk after immunisation. Vaccine 2007;25: 336-340.

Les auteurs ont enquêté sur le risque de SMSN après l'immunisation lors de la première année de vie, en particulier avec le vaccin hexavalent contenant 15 antigènes différents. Ils n'ont trouvé aucune risque accru de SMSN dans les 14 jours après l'immunisation. Comme dans les études précédentes, les patients atteints de SMSN étaient vaccinés moins fréquemment et plus tardivement que les enfants sans SMSN.

Eriksen EM, Perlman JA, Miller A, Marcy SM, Lee H, et al. Lack of association between hepatitis B birth immunization and neonatal death: A population-based study from the Vaccine Safety Datalink Project. Pediatr Infect Dis J 2004;23:656-661.

Les auteurs ont évalué plus de 360.000 naissances pendant une période de cinq années pour déterminer si une corrélation existe entre l'administration du vaccin contre l'hépatite B à la naissance et le décès néonatal, et la proportion de décès de causes inattendues (entre autres le SMSN) n'était pas différent chez les enfants vaccinés et non-vaccinés.

Fleming PJ, Blair PS, Platt MW, Tripp J, Smith IJ, et al. The UK accelerated immunisation programme and sudden unexpected death in infancy: case-control study. BMJ 2001;322:1-5.

Au début des années 1990, le calendrier de routine d'e vaccination des enfants au Royaume-Unis fut accéléré de manière à donner les vaccins à un plus jeune âge. Les auteurs ont conclu que le programme d'immunisation accélérée n'a pas augmenté le risque de SMSN dans une population étudiée de 17,7 millions d'enfants. Le niveau d'immunisation était plus faible chez les enfants décédés du SMSN.

Jonville-Bera AP, Autret-Leca E, Barbeillon, Paris-Llado J and the French Reference Centers for SIDS. Sudden unexpected death in infants under 3 months of age and vaccination status – a case-control study. Br J Clin Pharmacol 2001;51:271-276.

Les auteurs ont conduit une étude prospective sur le statut vaccinal des enfants morts du SMSN entre l'âge de 1 à 3 mois pour évaluer si la vaccination accroît le risque de SMSN dans cette population en France. Les auteurs ont conclu que l'immunisation au DTPP ± Hib n’augmente pas le risque de SMSN.

Silvers LE, Ellenberg SS, Wise RP, Varricchio FE, Mootrey GT, et al. The epidemiology of fatalities reported to the Vaccine Adverse Event Reporting System 1990-1997. Pharmacoepidemiol Drug Saf 2001; 279-285.

Les auteurs ont examiné les décès enregistrés dans le VAERS aux Etats-Unis pendant une période de sept ans et ont conclu que les signalements ont atteint un pic en 1992-1993 et ensuite ont décliné, avec près de la moitié des décès attribués au SMSN. La diminution du niveau de SMSN est corrélée avec les recommandations de l'American Academy of Pediatrics de faire dormir les enfants sur le côté ou sur le dos et avec la campagne "Back to Sleep" en 1994 du National Institute of Child Health and Human Development. Les auteurs ont conclu que ces données soutiennent les découvertes des précédentes études contrôlées montrant que l'association temporelle entre la vaccination infantile et le SMSN est coïncidentielle et non causale.

Griffin MR, Ray WA, Livengood JR, Schaffner W. Risk of sudden infant death syndrome after immunization with the diphtheria-tetanus-pertussis vaccine. New Engl J Med 1988;319(10):618-623.

Les auteurs ont évalué la récente immunisation avec le DTP comme possible facteur de risque pour le SMSN pendant une période de 10 ans dans le Tennessee. Ils n'ont trouvé aucune augmentation du risque de SMSN après l'immunisation avec le vaccin DTP et aucune corrélation entre le SMSN et l'âge de la première immunisation. En outre, le taux de SMSN a diminué dans la première semaine après l'immunisation.

Hoffman HJ, Hunter JC, Damus K, Pakter J, Peterson DR, et al. Diphtheria-tetanus-pertussis immunization and sudden infant death: results of the National Institute of Child Health and Human Development Cooperative Epidemiological Study of Sudden Infant Death Syndrome Risk Factors. Pediatrics 1987;79:598-611.

Les auteurs ont enquêté sur la possible association entre l'immunisation diphtérie-tétanos-coqueluche (DTC) et la mort subite ultérieure de l'enfant aux Etats-Unis en utilisant les données d'une base de données nationale sur l'épidémiologie du SMSN. Ils n'ont trouvé aucune association temporelle entre le SMSN et l'administration du vaccin DTC. Les enfants atteints du SMSN étaient moins susceptibles d'être immunisés que les enfants sans SMSN. 

Keens TG, Davidson Ward SL, Gates EP, Andree DI, Hart LD. Ventilatory pattern following diphtheria-tetanus-pertussis immunization in infants at risk for sudden infant death syndrome. AJDC 1985;139:991-994.

Les auteurs ont évalué les effets de l'immunisation DTC sur le schéma respiratoire pendant le sommeil d'enfants à risque accru de SMSN, y compris ceux atteint d'apnée inexpliquée et ceux qui font partie de la fratrie de victimes du SMSN. Des pneumogrammes de nuit ont enregistré la nuit avant et la nuit après l'immunisation au DTC. Les auteurs ont conclu que l'immunisation par le DTC n'augmente pas les anormalités du schéma respiratoire chez les enfants à risque accru de SMSN.

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