9 Août 2019
Le 15 juillet dernier paraissait dans plusieurs journaux (dont notamment la Libre Belgique) une tribune signée par 250 personnes (scientifiques, citoyens, vulgarisateurs, etc) et soutenue par près de 4.000 personnes.
Elle tire la sonnette d'alarme par rapport au traitement médiatique de l'information scientifique et appelle à "remettre en question toute la chaîne de l'information afin que les sujets à caractère scientifique puissent être restitués à tous et à toutes sans déformation sensationnaliste ni idéologique et que la confiance puisse être restaurée sur le long terme entre scientifiques, médias et citoyen·ne·s".
"La méthode scientifique, de son côté, permet de produire des connaissances fiables pouvant servir de base de réflexion pour les politiques publiques portant sur des questions complexes telles que l’alimentation, la santé publique ou l’écologie. Il apparaît alors évident que scientifiques et journalistes doivent travailler main dans la main : les premier·e·s ne devant pas s’isoler médiatiquement par crainte de voir leurs travaux déformés, les second·e·s ne pouvant se permettre de travestir ni le travail des premier·e·s, ni les faits.
C’est sur ce dernier point que nous alertons les acteurs et actrices des médias. Nous assistons aujourd’hui à un dévoiement grandissant du travail des scientifiques. Leurs résultats ne sont bien souvent mis en avant que s’ils confortent des opinions préexistantes. Dans le cas contraire, certain·e·s iront sous-entendre leur rémunération par un lobby malveillant. Soyons clair·e·s : l’état de nos connaissances ne saurait être un supermarché dans lequel on pourrait ne choisir que ce qui nous convient et laisser en rayon ce qui contredit nos opinions."
La tribune rappelle qu'il existe un consensus scientifique sur le fait que la balance bénéfice/risque des principaux vaccins est sans appel en faveur de la vaccination* **.
Ces derniers mois, l'information scientifique a été malmenée par des journalistes du service public français :
Le 9 avril 2019, l'émission de France 3 "Réseau d'enquêtes" intitulée "Faut-il avoir peur des vaccins ?" avait notamment donné la parole, sans y apporter de contradiction, à Sophie Guillot, militante antivaccin, qui ne possède aucun crédit scientifique, et qui répand mensonges et désinformations sur les réseaux sociaux notamment.
Le 9 mai 2019, l'émission de France 2 "Envoyé spécial" intitulée "Rougeole : l'alerte rouge !" avait donné la parole, sans y apporter de contradiction, à Didier Grandgeorge, pédiatre homéopathe antivaccin, qui relativisait la menace que représente la rougeole et prétendait que le vaccin ROR entraîne de graves et nombreux effets secondaires.
* Académie nationale de Médecine, Académie des Sciences
Les difficultés de l’information du public sur les vaccinations. Académie nationale de médecine - Académie des Sciences. Novembre 2011.
** OMS, 10 menaces pour la santé mondiale en 2019. OMS. Consulté le 20 février 2019.
Commenter cet article