11 Août 2019
Je pense depuis longtemps que les médecins qui sont anti-vaccins et qui répandent de la désinformation sur la vaccination, en particulier les pédiatres anti-vaccins, devraient se voir retirer leur licence médicale par les Conseils médicaux. L'une des responsabilités les plus sacrées d'un médecin est de prévenir les maladies partout où il le peut, plutôt que de simplement les traiter. Prévenir la souffrance et la mort en prévenant des maladies est préférable à attendre que la maladie se produise et à la traiter quand elle apparaît, et les vaccins sont les plus puissants dispositifs de prévention de maladies imaginés par l'esprit humain. Cela est doublement vrai pour les pédiatres, car nous disposons désormais d'outils pour prévenir la première cause de mortalité infantile. Au cours des 100 dernières années, la mortalité infantile a chuté, de sorte qu'il n'est plus courant de perdre un (ou des enfants) à cause d'une maladie infectieuse. En effet, il est maintenant très inhabituel, voire rare, de perdre un enfant à cause de maladies qui étaient le fléau des générations précédentes, en grande partie grâce à la vaccination. Des maladies comme la poliomyélite, la coqueluche, la variole, la diphtérie, la rougeole et d'autres, qui étaient autrefois des fléaux pour les enfants. Même dans la génération de mon père, la mortalité infantile n'était pas rare. En effet, mon père a perdu des frères et sœurs à cause de maladies qui sont maintenant évitables par la vaccination. C'est la raison pour laquelle les pédiatres anti-vaccins comme Lawrence Palevsky me rendent vraiment furieux et j'espère sincèrement qu'ils perdront leurs licences médicales, de même que tous les autres médecins anti-vaccins.
Mais surtout les pédiatres anti-vaccins.
Je n'ai pas beaucoup écrit sur le Dr Palevsky sur ce blog. Je l'ai remarqué pour la première fois il y a près de huit ans, lorsqu'il est apparu dans le film de propagande anti-vaccin déguisé en documentaire qui a précédé l'infâme film de propagande déguisé en documentaire, VAXXED. Je fais référence à l'opus anti-vaccin, The Greater Good. Comme je l'ai noté à l'époque dans ce document de synthèse, le Dr Palevsky a passé une grande partie de son temps à l'écran pour promouvoir une litanie de pseudo-sciences anti-vaccinales, y compris le mythe des "toxines", la conspiration des compagnies pharmaceutiques et les allégations selon lesquelles les vaccins ne sont pas testés de manière adéquate. Vers la fin du film, il parle même à l'American College for Advancement in Medicine (ACAM) et utilise la plupart des mythes anti-vaccinaux habituels en affirmant que la mortalité due à diverses maladies infectieuses ayant diminué avant l'introduction des vaccins contre ces maladies, cela signifie que les vaccins sont inutiles. Ce sont les mêmes mythes intellectuellement malhonnêtes qui ont rendu célèbre Raymond Obomsawin. Ailleurs dans le film, le Dr Palevski est montré en train de parler à un groupe de parents auquel il explique à quel point il fut stupéfait de découvrir qu'il y a du mercure, de l'aluminium, du formaldéhyde, des antibiotiques et des conservateurs dans les vaccins, autant de sujets dont nous avons déjà beaucoup discuté sur ce blog. Seule une personne chimiquement illettrée et atteinte de l'effet Dunning-Kruger, pourrait être "surprise" par de telles "fausses découvertes". Evidemment, cela ne concoure pas à cesser de me déprimer de penser qu'un tel imbécile puisse être passé par la New-York University School of Medicine.
La dernière fois que nous avons évoqué le Dr Palevsky, cependant, il faisait de son mieux pour rendre la rougeole encore plus étendue dans le Comté de Rockland, dans l'Etat de New York, en s'adressant à un groupe de Juifs orthodoxes et en essayant de les convaincre de ne pas se faire vacciner. Il est maintenant pointé du doigt pour ses activités dans un article de Business Insider écrit par J.K. Trotter intitulé Ce médecin new-yorkais exhorte les parents à ne pas vacciner leurs enfants en pleine épidémie de rougeole. Pourquoi est-il toujours autorisé à pratiquer la médecine ? C'est une excellente question, une question que je pose depuis des années à propos des médecins anti-vaccins. Voici comment cet article le présente :
Le 13 mai, des centaines de personnes se sont rassemblés dans une salle de restauration à Monsey, dans l'Etat de New York, pour un événement appelé "Symposium de la vaccination". Monsey est un hameau du comté de Rockland, qui lutte pour contenir une épidémie de rougeole sans précédent. Mais les organisateurs de l'événement n'étaient pas là pour informer la foule sur la manière dont les vaccins peuvent enrayer la propagation des maladies, qui peuvent être mortelles. Ils étaient là pour promouvoir un message pernicieux et totalement discrédité que les professionnels de la santé ont blâmé pendant l'épidémie : les vaccins mettent en danger les jeunes enfants.
Pratiquement aucun des conférenciers du symposium, parmi lesquels un Youtubeur et un lobbyiste à Washington, n'exerce la médecine. Lawrence Palevsky, pédiatre de 57 ans, reçoit des patients à Manhattan et dans le comté voisin du Suffolk, à Long Island. Le site web de sa clinique promet des "consultations complètes et personnalisées" pour traiter le "bien-être des enfants et les maladies aiguës et chroniques".
C'est un point important. Nombre de ces pédiatres anti-vaccins sont des médecins "holistiques" ou pratiquent la "médecine intégrative" ou, comme je me plais à l'appeler, l'intégration du charlatanisme et de la pseudoscience dans la médecine. Cela fait longtemps que je voulais consulter le site web du Dr Palevsky (et de ses activités). Merci, M. Trotter, de m'en donner le prétexte !
Voici l'auto-description du Dr Palevsky sur son site web, le Northport Wellness Center :
Dans sa pratique pédiatrique actuelle, le Dr Palevsky propose aux familles et aux praticiens des examens, des consultations et des programmes éducatifs pour enfants en bonne santé dans les domaines de la santé préventive et holistique; le développement de l'enfant; les changements de style de vie; la nutrition pour les adultes, les nourrissons et les enfants; les traitements alternatifs sûrs contre les affections aiguës et chroniques chez l'enfant et l'adulte; les controverses relatives à la vaccination; la parentalité consciente; et la réflexion du paradigme médical. De plus, il enseigne la médecine holistique intégrative pour enfants et adolescents aux parents, aux professionnels de la santé, au niveau national et international, et il est disponible pour des conférences dans le monde entier.
Je ne peux m'empêcher de noter que lorsque j'écris à propos du "documentaire" charlatanesque anti-vaccin, The Greater Good, j'ai relaté la description de son site web à l'époque, en 2011 :
En usant de sa philosophie de bien-être de l'"enfant tout entier", le Dr Palevsky recommande et incorpore les enseignements et les thérapies des sciences de la nutrition, de l’acupuncture et de la médecine chinoise, de la chiropraxie, de l’ostéopathie, de la thérapie cranio-sacrée, de la médecine environnementale, de l'homéopathie et des huiles essentielles, ainsi que de modalités de guérison telles que l'aromathérapie, le yoga, le reiki, la méditation, la réflexologie et la pleine conscience.
Oui, le Dr Palevsky a proposé à peu près toutes les formes de charlatanerie imaginables, allant même jusqu'à proposer la charlatanerie ultime, l'homéopathie. Il y avait pire que ça cependant. le Dr Palevsky a clairement nettoyé son site web depuis cette époque "holistique", où il soulevait de sérieux problèmes de charlatanerie :
Des symptômes aigus, tels que de la fièvre, des vomissements, de la diarrhée, des éruptions cutanées, de la toux, le nez qui coule, de la production de mucus et de la respiration sifflante sont autant de moyens importants par lesquels les enfants déchargent de leur corps les accumulations de déchets et de toxines. Ces toxines pénètrent et sont stockées dans le corps à la suite d'expositions répétées in utero, dans l'air, dans la nourriture, dans l'eau, par la peau, le stress du système nerveux et la substance injectée qui, pour quelle qu’en soit la raison, ne s'évacue pas facilement du corps par les moyens normaux de détoxification. Ces toxines sont trop irritantes pour le corps des enfants et doivent être éliminées. Tôt ou tard, un niveau critique de toxines est atteint et les enfants tombent malades et contractent des symptômes pour les éliminer. Il faut donc permettre aux enfants d'être malades pour pouvoir s'en remettre.
Dans sa pratique, le Dr Palevsky encourage les patients à laisser les enfants exprimer leurs symptômes lorsqu'ils tombent malades. Personne ne veut que les enfants se "sentent" malades. Les parents peuvent toutefois apprendre à utiliser des remèdes qui aident les enfants à se sentir mieux et à guérir plus efficacement, sans modifier l'importante physiologie qui les aident à purifier leurs organismes. Laisser les enfants avoir leurs symptômes, sans les supprimer, peut être un processus difficile à la fois pour les parents et pour les praticiens de santé. Nous sommes confrontés à notre propre inconfort de voir des enfants gênés dans leur maladie. Il est difficile pour nous de les regarder "souffrir", alors nous leur donnons par réflexe quelque chose qui leur apportera un soulagement immédiat. Cette réponse réflexive pour supprimer leurs symptômes les affaiblit et retarde leur processus de guérison.
Put*** de merde ? Ce qui ne tue pas l'enfant le rend plus fort ? Vraiment ? C'est une opinion franchement perverse.
En lisant cela, je ne peux m'empêcher de penser que le Dr Palevsky est un monstre. Il semble croire que les enfants devraient souffrir, que les souffrances ne devraient pas être soulagées, et que les enfants devraient être "autorisés à être malade", car agir autrement ne serait pas naturel et les empêcheraient de "nettoyer" et de "soigner" correctement leurs organismes. Je ne peux pas non plus m'empêcher de noter, à l'instar d'autres personnes, qu'il existe ici une forme distincte de négationnisme. Vous voyez, ce ne sont pas tant les bactéries et les virus qui causent la fièvre et les maladies. Ce sont les toxines. Il l'a explicitement dit, et d'autres l'ont documenté. Il n'est pas étonnant que le Dr Palevsky ait gagné l''honneur' de figurer dans l'Encyclopédie des Loons américains. Il publie également des liens vers des sites anti-vaccins sur sa page Facebook :
Sa dernière newsletter contient une profusion de propagande antivaccinale. Quelqu'un peut-il encore croire qu'il n'est pas anti-vaccin ? Bien sûr qu'il l'est :
Il est important pour nous tous de commencer à apprendre de nouvelles informations scientifiques qui expliquent pourquoi les enfants doivent ressentir leurs symptômes et leurs maladies comme un rite de passage nécessaire, permettant ainsi à leur système immunitaire et nerveux de se développer et de mûrir. L'expression de ces symptômes peut ne pas toujours être causées par des bactéries et des virus. Au lieu de cela, ces symptômes et maladies se développent comme un signe de bonne santé; que leurs corps sont forts et travaillent à ramener à la surface, et nettoyer, toute accumulation de déchets qui sont au fonds d'eux, accumulées en raison de leur exposition à divers facteurs de stress dans leur vie. Dans de nombreux cas, le processus de transfert de ces déchets à la surface du corps est facilité par les bactéries et les virus qui y vivent déjà et constitue une étape nécessaire pour leur permettre de se rétablir.
Le Dr Palevsky estime que nous faisons du mal à nos enfants en utilisant constamment des médicaments, des antibiotiques et des vaccins qui traitent et suppriment les symptômes et les maladies courantes et nécessaires chez les enfants. Il en est venu à comprendre que l'utilisation de cette approche thérapeutique dominante, qui conduit les déchets plus profondément dans le corps de nos enfants lorsque nous supprimons leurs symptômes, contribue directement au développement de nombreuses maladies infantiles chroniques que nous observons actuellement en pédiatrie. Après tout, les symptômes chroniques se développent à la suite d'une accumulation chronique de déchets et de toxines, à laquelle nous contribuons chaque fois que nous ne permettons pas aux enfants d'avoir leurs symptômes.
Comme je l'ai dit, le Dr Palevsky est un monstre. Il exprime maintenant ses monstrueuses croyances un peu moins monstrueuses qu'avant, mais elles sont toujours monstrueuses. Il est, à mon avis, un horrible charlatan.
Il devient très clair, à la lecture des versions 2011 et 2019 de son site web, que M. Palevsky est un anti-vaccin. Il est persuadé que les souffrances naturelles causées par les maladies évitables par la vaccination sont bénéfiques pour l'enfant. On peut se demander s'il pense que les enfants mourant de maladies pouvant être prévenues par un vaccin sont acceptables, car, de toute évidence, leurs systèmes de désintoxication ne doivent pas être suffisant. Que fait-il lorsque "permettre aux enfants de ressentir leurs symptômes" amène un enfant à ressentir les symptômes d'un collapsus cardiovasculaire aigu et d'un décès imminent ? Les esprits médicaux veulent savoir.
Je pourrais continuer encore et encore sur le Dr Palevsky. Par exemple, il ne croit pas, semble-t-il, qu'il existe une immunité de groupe. Mais mon intérêt se porte surtout sur la question plus générale soulevée par l'article sur lui, à savoir pourquoi les médecins anti-vaccins ont-ils encore leur licence médicale ? Pour moi, l'un des aspects les plus troublants du mouvement des anti-vaccins est le nombre de pédiatres qui ont trahi leur profession et leur devoir envers les enfants en cédant aux caprices des anti-vaccins ou en devenant eux-mêmes des anti-vaccins. C'est particulièrement frustrant parce que les médecins et les responsables doivent être mieux avertis. Leur formation aurait dû, excusez-moi du terme, les immuniser contre la pseudoscience, la désinformation et les mensonges du mouvement des anti-vaccins. Cependant, les pédiatres sont aussi des êtres humains, et ceux-ci sont sujets au même type de problèmes cognitifs qui amènent les anti-vaccins à confondre corrélation et causalité, ce qui les amènent dans un biais de confirmation dans lequel ils se souviennent de cas ou d'un élément d'information qui renforce leurs idées préconçues, alors qu'ils ignorent ou rejettent les cas ou les éléments qui contredisent ces idées. Le fait que les êtres humains soient sujets à ces biais cognitifs ne signifie cependant pas que nous devrions excuser les médecins qui en sont la proie. C'est pourquoi nous avons besoin de règles et de conseils médicaux pour faire respecter les normes de la médecine scientifique lorsque les tendances trop humaines des médecins les égarent, comme cela a été le cas avec le Dr Palevsky.
C'est pourquoi je suis d'accord avec le Dr Arthur Caplan quand il est interviewé dans un article de Business Insider :
Arthur Caplan, professeur de bioéthique à la faculté de médecine de l'Université de New York, a déclaré que l'attitude de Palevsky est incompatible avec son rôle de prestataire de soins de santé. "Je suis absolument convaincu que l'Etat de New York devrait révoquer la licence de Palevsky, car il préconise de ne pas respecter les normes médicales et diffuse des informations erronées, mettant ainsi en danger les enfants et le public," a-t-il déclaré à Insider. "C'est particulièrement important en cas d'épidémie, qui pourrait se transformer en épidémie de grande ampleur."
"Il existe des normes de soins créées par la médecine, par des pédiatres, par des experts," a-t-il ajouté. "Si vous les violez, vous devriez perdre votre licence."
Précisément. La norme de soins en pédiatrie, appuyée par une abondante littérature scientifique, est de vacciner selon le calendrier du CDC, ou quelque chose qui s'en rapproche. Ne pas vacciner conformément au calendrier des CDC est une mauvaise chose, et ne pas vacciner du tout, comme le font des pédiatres tels que le Dr Lawrence Palevsky et Paul Thomas, est encore pire. Ce serait différent si un de ces médecins pouvait construire quelque chose qui ressemble vaguement à un raisonnement reposant sur des données scientifiques correctes, mais ils ne le font pas. Ils s'appuient tous sur la même pseudoscience anti-vaccinale que les anti-vaccins invoquent régulièrement pour justifier leur refus de vacciner, telle que la pseudoscience et la mauvaise science prétendant que les vaccins sont à l'origine de l'autisme. Ils s'appuient également sur la désinformation antivaccinale que véhiculent les anti-vaccins. Ce n'est même pas subtil, et le pire est l'utilisation de leur statut de médecin pour répandre de la désinformation anti-vaccinale qui encourage les parents à ne pas vacciner, car les médecins sont automatiquement considérés comme plus crédibles lorsqu'ils abordent des questions d'ordre médicales. C'est particulièrement le cas lorsque les médecins parlent de leur domaine de spécialisation, ce qui rend les pédiatres anti-vaccins particulièrement dangereux pour la santé publique. Après tout, la vaccination des enfants constitue une large part de la pratique pédiatrique.
Selon l'article de Business Insider :
Il serait difficile, et probablement jamais vu, de priver un médecin d'une licence médicale uniquement pour avoir exprimé son point de vue anti-vaccin.
Révoquer la licence d'un médecin qui diffuse régulièrement des informations fausses et discréditées pouvant donner lieux à des dommages évitables ou à la mort, peut sembler être une évidence. Toutefois, les départements de santé des états, qui accordent les licences aux médecins et réglementent l'industrie médicale, ont toujours établi une distinction claire entre ce que les médecins disent en public et la manière dont ils traitent leurs patients. Les régulateurs surveillent ce qu'il se passe dans la salle d'examen ou dans le bloc opératoire, mais ils laissent les médecins libres de s'exprimer où que ce soit.
Et c'est là où se situe le problème. Les médecins occupent une position hautement privilégiée dans la société. En tant que chirurgien, j'aime illustrer cela en utilisant une image intentionnellement provocatrice. En tant que chirurgien, la société me donne le pouvoir et le privilège de réorganiser, voire de retirer, certaines parties de l'anatomie d'un patient, parce que la société suppose que notre formation nous permet de procéder à cette réorganisation anatomique à des fins thérapeutiques. Si je commençais à dire lors de conférences que, par exemple, le cancer du sein peut être traité sans intervention chirurgicale et que la chimiothérapie tue, je propagerais des informations erronées nuisibles et trahirais ma spécialité. Je pourrais même conduire les femmes à la mort en les persuadant de ne pas traiter correctement leur cancer du sein potentiellement curable. Ce n'est pas différent pour les pédiatres anti-vaccins. Non seulement ils ne fournissent pas de soins médicaux appropriés à leurs propres patients, mais ils persuadent même les parents d'enfants qui ne sont pas leurs patients de négliger médicalement leurs enfants en leur refusant une mesure préventive qui les protègent contre des maladies infectieuses potentiellement mortelles.
Avant d'aborder le dernier point que je souhaite évoquer, voyons d'abord comment le Département de la santé de l'état de New York a répondu aux questions de Trotter concernant le Dr Palevsky :
Dans une interview à INSIDER, le département de la santé de l'Etat de New York a pris soin de distinguer les déclarations publiques de Palevsky, qu'il estime hors de son champ d'application, et ses soins aux patients.
Alors que "le département de la santé de l'Etat de New York poursuivra notre vaste campagne de sensibilisation du public pour informer les gens des faits sur la vaccination et pour contrer la désinformation qui ont alimenté cette épidémie", la porte-parole du département, Jill Montag, a déclaré que "le premier amendement protège le droit d'un individu à parler et exprimer ses opinions sur des sujets controversés sans craindre le représailles du gouvernement. Les cas impliquant des patients spécifiques dans l'exercice de la médecine peuvent toutefois faire l'objet d'une enquête."
Bien que j'ai peu de sympathie pour cet argument et que je sois un fervent défenseur de la liberté d'expression, je le considère finalement comme un échappatoire. Voici pourquoi. Les médecins qui sont anti-vaccins et parlent régulièrement contre les vaccins sont des charlatans. Pas uniquement parce qu'ils sont anti-vaccins. Fondamentalement, être anti-vaccin n'est que l'une des manifestations de leur charlatanisme. Il est rare que ce soit la seule forme de charlatanisme à laquelle ils se livrent. Le Dr Palevsky est un excellent exemple. Regardez le charlatanisme qu'il propose : thérapie cranio-sacrée, homéopathie, huiles essentielles, aromathérapie, Reiki, réflexologie, etc. Cela ne tient pas compte des modalités mais souvent malheureusement du charlatanisme est reconnu par de nombreux états, telle que l’acupuncture, la médecine traditionnelle chinoise, la chiropraxie et la naturopathie. Les opinions de M. Palevsky en matière d'antivaccination ne sont qu'une partie (bien que très importante) de l'ensemble de son charlatanisme.
S'il existe une exception à ma règle selon laquelle tous les médecins anti-vaccins pratiquent plus de charlatanisme que le charlatanisme anti-vaccin, je ne l'ai pas encore trouvé. M. Palevsky est à coups sûr loin d'être le seul exemple. Par exemple, il y a Kelly Brogan, une psychiatre anti-vaccin également impliquée dans le charlatanisme et le négationnisme des maladies mentales. Il y a Sherri Tenpenny, qui gère une des pages Facebook anti-vaccin les plus visitées et qui s'est déjà demandée si le vaccin antigrippal avait tué Prince et a affirmé que la rougeole n'est pas une maladie. Comme le Dr Palevsky, elle flirte avec la négation de la théorie des germes, mais elle fait encore mieux en niant explicitement que les microbes soient la cause de maladies infectieuses. Dans sa pratique, elle utilise l'homéoprophylaxie au lieu des vaccins (c'est de l'homéopathie) et plaide en faveur d'une méthode de thermographie non éprouvée pour diagnostiquer le cancer du sein et d'autres maladies. Un autre médecin anti-vaccin est le docteur Suzanne Humphries, néphrologue. Elle décrit les vaccins comme une "maladie" et crache régulièrement les tropes antivaccins les plus facilement réfutables. Elle est aussi une négationniste de la théorie des germes et s'intéresse beaucoup au charlatanisme lié aux doses élevées de vitamine C. Par exemple, elle pense que la vitamine C est un bon traitement contre la coqueluche et qu'elle devrait être étudiée comme tel.
Vous avez compris l'idée. Je pourrais continuer encore et encore sur ce sujet. Il y a le docteur Bob Sears, qui, pour être honnête, est probablement le moins cinglé des pédiatres anti-vaccins en dehors de son charlatanisme anti-vaccin, mais cela n'a pas empêché le Medical Board de Californie de le sanctionner pour, en substance, la mauvaise tenue de dossiers médicaux et la fourniture d'exemptions de vaccination sans examen correct du patient. Il y a le Dr Paul Thomas, star montante du mouvement anti-vaccin à Portland, qui a contribué à l'épidémie massive de rougeole sur le fleuve Columbia dans le comté de Clark, dans l'état de Washington. Sans surprise, c'est un pédiatre qui est "certifié en homéopathie classique et formé en phytothérapie, nutrition et médecine énergétique". Le Dr Gary Kohls, qui n'est pas seulement un anti-vaccin mais aussi un écosystème de théories de complot. (Heureusement, il est retraité.) En fait, il existe même un cabinet d'avocats pour médecins anti-vaccins, le Physicians for Informed Consent, qui a invité Robert F. Kennedy Jr à prendre la parole à sa conférence en mars.
Tous sont autorisés à pratiquer, alors qu'ils devraient perdre leur licence médicale.
En gros, si un médecin est anti-vaccin, vous pouvez, avec une quasi-certitude, être sûr que le charlatanisme anti-vaccin n'est pas l'unique forme de charlatanisme pratiqué par ce médecin. Un médecin anti-vaccin qui donne des conférences en effrayant les parents à propos de la vaccination ne vaccine sûrement pas adéquatement ses propres patients et risque fort de les traiter avec diverses autres formes de charlatanisme. Ainsi, même si un médecin a le droit, en vertu du Premier Amendement, d'exprimer publiquement ses opinions anti-vaccinales, le fait qu'il le fasse représente un énorme drapeau rouge pour d'autres formes de charlatanisme. Malheureusement, la plupart des comités médicaux se fondent sur des plaintes émanant de patients individuels, du tuteur du patient ou du travailleur du cabinet médical du praticien, ou de quelqu'un qui connaît bien le patient. En outre, il est rare que de telles plaintes soient déposées sauf en cas de faute grave (par exemple, des médecins agressant sexuellement des patients pendant des examens ou sous anesthésie ou des médecins ayant des problèmes de toxicomanie) ou en cas de préjudice évident pour le patient, après qu'il est trop tard.
Pire, grâce à la montée en popularité de la "médecine intégrative", dans laquelle il est de plus en plus admis pour des médecins "d'intégrer" une forme de charlatanisme dans leurs pratiques, brouillant ainsi la frontière avec le charlatanisme, les conseils médicaux étatiques semblent plus réticents à juger ce qui relève d'une pratique médicale acceptable et ne parlons même pas des échecs des sociétés de professionnels de la santé à éliminer les anti-vaccins (je parle en particulier de l'American Academy of Pediatrics.) Ce problème ne se cantonne pas aux médecins anti-vaccins, mais aussi aux chirurgiens incompétents qui ont causé du tort à beaucoup de patients, aux docteurs qui vendent du charlatanisme comme des traitements non éprouvés à base de cellules souches, ou le Dr Stanislaw Burzynski et ses antinéoplastons.
Cela ne signifie pas qu'ils ne doivent pas utiliser l'historique de propagande et de mercantilisme anti-vaccins comme "drapeau rouge" indiquant qu'un docteur exerçant dangereusement en deçà des normes de soins en ce qui concerne la vaccination est également susceptible d'exercer comme tel dans d'autres domaines. Si quelques médecins anti-vaccins perdent leur licence médicale ou sont sanctionnés sévèrement, parce que leurs discours anti-vaccins, leurs vidéos Youtube, leurs blogs, leurs pages Facebook, attirent une attention non souhaitée, je parie que beaucoup d'entre eux réfléchiraient à deux fois avant de colporter des absurdités anti-vaccinales. Le Premier Amendement protège peut-être le droit des médecins à répandre de la désinformation anti-vaccinale partout où ils le souhaitent, mais il ne devrait pas protéger leur capacité à pratiquer des soins en-dessous des normes de soins et à user du charlatanisme pour traiter leurs patients.
Publié par RespectfulInsolence, le 31 mai 2019
Commenter cet article