2 Mai 2021
La corrélation et la causalité sont des sujets qui font désormais partie des allégations antivaccinales concernant les liens entre les vaccins et les effets indésirables. J'entends les deux termes si souvent malmenés qu'il est difficile de comprendre ce qu'il en est.
Combien de fois avez-vous entendu des tropes agaçants à propos du vaccin contre le VPH causant ceci ou cela ? Peu importe que cela ait fait l'objet de nombreux debunks, cela revient sans cesse.
La corrélation est une technique statistique qui nous montre à quel point la paire de variables est liée linéairement et évolue ensemble. Cela ne nous dit pas pourquoi il y a une relation, ni en quoi elle consiste, mais cela montre simplement qu'une relation peut exister.
La causalité va plus loin, statistiquement et scientifiquement, que la corrélation. Tout changement de la valeur d'une variable entraîne un changement de la valeur d'une autre variable. On parle souvent de cause à effet.
Mais il existe plusieurs façons d'établir un lien de causalité à partir d'une corrélation. Mais cela doit se produire avec un processus logique qui ne recourt pas à des plaidoiries spéciales et à de la pseudoscience.
Par exemple, la plausibilité biologique est l'une des conditions requises pour établir que la corrélation signifie la causalité. C'est une condition essentielle pour quiconque revendique une association causale. Mais la plausibilité biologique doit être cohérente avec nos connaissances actuelles en biologie, chimie, physique et médecine.
Combien de fois les fanatiques antivaccins ont-t-il essayé de nous convaincre que "le mercure dans les vaccins cause l'autisme", mais ignorent les principes scientifiques de base de nombreux domaines de la biomédecine comme la biochimie, la biologie cellulaire, la toxicologie, l'immunologie, la neurologie - enfin, à peu près tous les domaines.
Combien de fois certains prétendent que l'acupuncture traite un tas de maladies, alors qu'on ne trouve pas de plausibilité biologique raisonnable entre le fait de piquer une aiguille dans le bras et le traitement de problèmes de santé comme la douleur. Ils ont tendance à ignorer la nécessité d'une plausibilité biologique en utilisant leur propre anecdote personnelle comme "preuve".
C’est pourquoi la science est beaucoup plus rigoureuse que la pseudoscience. L'établissement de la corrélation et de la causalité nécessite une solide connaissance d'une spécialité scientifique ou médicale pour pouvoir affirmer quelque chose. C’est bien plus que simplement affirmer que la plausibilité existe, vous devez utiliser la vraie science, publiée dans de vraies revues scientifiques, pour faire valoir vos arguments.
Parlons donc un peu de la corrélation et de la causalité.
J’ai déjà écrit sur la corrélation, la causalité et la plausibilité, mais je n’ai jamais eu l’impression d’avoir éclairci ce point de manière appropriée. J'ai donc commencé à étudier davantage sur la manière avec laquelle nous déterminons quand une corrélation équivaut à une causalité, et j'ai vu que certains chercheurs utilisent quelque chose qu'on appelle les critères de Bradford Hill.
Le statisticien anglais Sir Austin Bradford Hill souhaitait développer un ensemble de critères objectifs qui pourraient être utilisés pour fournir des preuves épidémiologiques indiquant si la corrélation équivaut à la causalité. Cela sert comme une sorte de checklist pour les scientifiques qui peuvent ainsi prendre des données qui établissent une corrélation, puis déterminer logiquement si cela accompagne la causalité.
Il a utilisé ses critères pour établir que le tabagisme était lié au cancer du poumon (et à d'autres maladies). En gros, il a passé en revue chaque point de ses critères pour montrer comment le tabagisme et le cancer sont liés.
Les critères de Bradford Hill comprennent les aspects suivants:
Bradford Hill a développé cette checklist il y a plus de 50 ans, vous pouvez donc supposer qu'il y a eu une certaine évolution de la liste. Certaines personnes ont ajouté un ou deux éléments à la liste, comme l'examen des facteurs de confusion et des biais expérimentaux.
Ces critères doivent être utilisés comme checklist. Plus vous cochez de points, plus vous pouvez soutenir une affirmation selon laquelle il existe un lien de causalité entre la cause et l'effet observé.
Jetons un coup d'œil à l'hypothétique effet entre les vaccins et les troubles du spectre autistique (TSA), qui a été complètement démystifié par la recherche scientifique. Comment la surveillance des vaccins et de l'autisme s'inscrit-elle dans les critères de Bradford Hill?
Il est difficile de faire cet exercice car nous connaissons le résultat - il n’y a ni corrélation, ni causalité. Cependant, ce sera un exercice utile pour examiner ce principe central du mouvement anti-vaccin :
Ainsi, au mieux, l'affirmation selon laquelle il existe un lien entre les vaccins et l'autisme répond à peine à l'un des critères de Bradford Hill - le temporel. Le problème avec ce seul point est que, quel que soit le statut vaccinal, le diagnostic initial de TSA est souvent au même âge que de nombreuses vaccinations infantiles recommandées.
Selon moi, le plus gros problème que j'ai avec l'allégation antivaccin au sujet de l'autisme est la plausibilité biologique. Ils déplacent les poteaux de but pour essayer de nous convaincre de la plausibilité biologique. Ils l'ont d'abord prétendu au sujet du thiomersal. Puis l'aluminium. Puis d'autres ingrédients des vaccins.
Le seul lien biologiquement plausible avec les TSA est la génétique. Et il répond à presque tous les critères de Bradford Hill.
Peu importe ce que vous voulez croire au sujet du charlatanisme médical, peu importe à quel point vous voulez vous convaincre qu'ils est réel, et peu importe à quel point vous voulez que tout le monde croie vos anecdotes, trouver une corrélation potentielle et ensuite une causalité est très difficile. Et cela nécessite un processus logique et non une affirmation selon laquelle il doit en être ainsi parce que vous avez des anecdotes et des croyances.
Il existe un processus logique nécessaire pour passer de la corrélation à la causalité. Ceux qui tentent de raccourcir ce processus pour parvenir à une conclusion prédéterminée montrent qu'ils n'ont ni établi de corrélation, ni de causalité.
Fedak KM, Bernal A, Capshaw ZA, Gross S. Applying the Bradford Hill criteria in the 21st century: how data integration has changed causal inference in molecular epidemiology. Emerg Themes Epidemiol. 2015 Sep 30;12:14. doi: 10.1186/s12982-015-0037-4. eCollection 2015. PubMed PMID: 26425136; PubMed Central PMCID: PMC4589117.
Mitkus RJ, King DB, Hess MA, Forshee RA, Walderhaug MO. Updated aluminum pharmacokinetics following infant exposures through diet and vaccination. Vaccine. 2011 Nov 28;29(51):9538-43. doi: 10.1016/j.vaccine.2011.09.124. Epub 2011 Oct 11. PubMed PMID: 22001122.
Publié par Skeptical Raptor le 20 octobre 2020
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